7 000 à 15 000 litres d’eau pour qu’un simple jean voie le jour : la culture du coton n’a rien d’anodin pour la planète. L’industrie textile, friande de cette fibre naturelle, s’appuie sur une plante qui exige beaucoup. Chaque hectare cultivé ponctionne les nappes phréatiques, surtout dans des zones déjà sous pression hydrique. À cela s’ajoute une dépendance historique aux pesticides et engrais chimiques, qui laisse des traces dans les sols, les rivières et jusque dans la chaîne alimentaire.
Plan de l'article
Les impacts environnementaux de la culture du coton
La place du coton dans le textile mondial ne relève pas du hasard : cette culture façonne nos vêtements, mais aussi les paysages, parfois de façon brutale. Dans certaines régions d’Inde, de Chine ou des États-Unis, l’eau rare devient une ressource disputée, en grande partie détournée pour irriguer les champs de coton. La statistique interpelle : produire un jean réclame plus de 7 000 litres d’eau, parfois jusqu’à 15 000. Cette pression hydraulique a transformé le destin de la mer d’Aral, disparue presque entièrement sous l’effet des cultures intensives.
La question des produits chimiques n’est pas en reste. Le coton concentre à lui seul 16 % des pesticides mondiaux et engloutit chaque année 8 millions de tonnes d’engrais. Certains pesticides, dont le DDT, le Mirex ou l’Endosulfan, sont bannis par le Traité de Stockholm. Pourtant, leur utilisation persiste dans certains pays, avec des conséquences lourdes sur la santé humaine et l’écosystème. Les chiffres frappent :
- 200 000 tonnes de pesticides déversés chaque année sur les champs.
- 8 millions de tonnes d’engrais épandus à l’échelle mondiale.
Pour accompagner cette expansion, la déforestation avance, rognant les forêts pour libérer des terres agricoles. Résultat : une biodiversité qui s’efface, des espèces menacées, et des émissions de gaz à effet de serre qui s’ajoutent au compte déjà salé de l’industrie textile. La Fondation Ellen MacArthur pointe la fast fashion comme moteur de cette fuite en avant, où la soif de nouveauté se paie cher, écologiquement et socialement. Le coton, c’est aussi 7 % des emplois sur la planète, mais derrière ces chiffres, le coût environnemental reste trop souvent sous-estimé.
Dans des pays comme le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso ou le Cameroun, la culture du coton incarne à la fois une manne économique et un défi écologique. Niki de Schryver, fondatrice de COSH, le rappelle : l’intensification de la production ne va pas sans conséquences pour les populations ni pour la nature.
Les alternatives écologiques à la culture conventionnelle du coton
Pour répondre à ces défis, d’autres voies s’ouvrent. Le coton biologique, d’abord, s’impose comme une alternative crédible. Cultivé sans pesticides ni engrais chimiques, il réduit la pollution et consomme moins d’eau. Les labels comme GOTS (Global Organic Textile Standard) et Oeko-Tex accompagnent cette transition, garantissant un mode de production respectueux de l’environnement et des travailleurs. La réduction des émissions de CO2 devient alors tangible.
Le lin : une fibre écologique
Changer de fibre, c’est aussi une solution. Le lin, cultivé en France (Normandie, Hauts-de-France), séduit par ses faibles besoins en eau et en engrais. Cette plante, naturellement recyclable et biodégradable, fixe le CO2 dans le sol grâce à ses racines. La France, premier producteur mondial, montre qu’une filière locale et vertueuse est possible, du champ au vêtement.
Les pesticides naturels
Face à l’usage massif de substances chimiques, des alternatives naturelles gagnent du terrain. L’arbre de Neem, par exemple, offre une protection efficace contre les ravageurs grâce à ses propriétés insecticides. Dans la culture biologique, le Neem s’est imposé comme une arme redoutable pour limiter les dégâts tout en préservant la santé des agriculteurs et des sols.
Recycler le coton
Le recyclage du coton s’inscrit parmi les pistes les plus prometteuses. En réutilisant les fibres issues de vêtements usagés ou de chutes industrielles, l’industrie limite le recours à de nouvelles plantations, économise l’eau et restreint l’usage des pesticides. Plusieurs marques, à l’image de Les Optimistes, misent déjà sur ce modèle, intégrant des fibres recyclées dans leurs collections pour un impact moindre.
Vers une production de coton plus durable et responsable
Le coton biologique ne pèse encore qu’1 % dans la balance mondiale, mais ses bénéfices s’affichent sans détour : zéro pesticide, économie d’eau et impact réduit sur l’ensemble de la chaîne textile. Les certifications GOTS et Oeko-Tex apportent des garanties solides, tant pour la planète que pour les droits des travailleurs.
Les nouvelles pratiques agricoles
Des innovations agricoles voient le jour : l’irrigation par égouttement, par exemple, optimise l’eau disponible et limite les pertes. L’agriculture éco-responsable se développe aussi, accompagnée par des initiatives comme celles de Max Havelaar, qui promeut le coton équitable depuis 2005. Ce modèle vise à sécuriser les revenus des producteurs tout en réduisant l’empreinte écologique.
Le recyclage comme solution
Le recyclage du coton continue de gagner du terrain. En intégrant des fibres recyclées, des marques telles que Les Optimistes réduisent la pression sur les ressources naturelles, limitent la consommation d’eau et l’utilisation de substances chimiques. Cette approche contribue à faire évoluer la mode vers plus de responsabilité et d’exigence environnementale.
Les certifications et labels
Pour mieux s’y retrouver, plusieurs labels et certifications accompagnent la filière :
- GOTS : garantit un textile biologique du champ à la confection
- Oeko-Tex : Standard 100, qui certifie l’absence de substances nocives dans le produit fini
- REACH : cadre européen pour contrôler et limiter les substances chimiques utilisées
En renforçant la traçabilité et la transparence, ces labels permettent aux consommateurs d’exiger des vêtements dont l’histoire ne s’écrit pas au détriment de la planète. Le coton, sous toutes ses formes, a encore de quoi bousculer nos habitudes, à condition de choisir, enfin, la responsabilité plutôt que la facilité.

